Lors de la conférence annuelle des développeurs à Mountain View le 8 mai 2018, le Patron de Google, Sundar Pichai, a révélé une nouvelle stratégie autour du bien-être digital. L’objectif est d’intégrer dans les smartphones plusieurs fonctionnalités pour promouvoir une connexion raisonnée de chacun.

Retour sur cette décision dans l’air du temps.

Force est de constater que la population s’intéresse de plus en plus aux effets secondaires de l’utilisation des nouvelles technologies. On parle d’addiction, d’ultraconnectivité, de FOMO (Fear Of Missing Out : la peur constante de manquer une information importante). Mais aussi de nomophobie (peur excessive d’être séparé de son téléphone mobile). La littérature s’entoure de bien des termes en lien avec le sujet. La presse s’en empare, pointant du doigt les géants de la Silicon Valley, en les accusant d’avoir voulu ces phénomènes d’addiction et d’avoir agit pour nous rendre dépendants de leurs technologies. Plusieurs alertes plutôt incisives avaient été précurseurs, diffusant l’idée que ces grands groupes « volent » le temps de leurs utilisateurs.

Les journées mondiales sans téléphone portable, ou encore la journée mondiale sans Facebook sont des exemples criant d’une véritable prise de conscience.

Si ces sujets sont aujourd’hui trop présents pour les ignorer, on applaudit néanmoins la démarche de Google qui au lieu de contre-attaquer, a choisi d’accompagner ce mouvement, qu’on peut qualifier de connexion raisonnée. Limiter les notifications sur nos smartphones pour apprendre à mieux gérer son temps : ainsi le géant se place dans la catégorie des « gentils », cherchant à apporter le remède d’une maladie qu’il aurait involontairement déclenchée.

Pratique mais addictif : l’usage du smartphone est en lui-même un paradoxe révélateur et complexe. Dans la mesure où cet outil indispensable nous rend performant, mais absolument pas efficace… Comment faire avec ? Comment faire mieux ?

Mais que souhaite faire Google ?

La proposition de Google, à travers la prochaine version de son OS mobile, nommée Android P, passe par des outils de « bien-être numérique« . L’objectif avoué du directeur est de transformer le FOMO, peur de manquer quelque chose, en JOMO, joie de manquer quelque chose. Sameer Samat, le responsable « produits » chez Google, a été encore plus loin en ajoutant que « le bien-être numérique va être un sujet de long terme pour nous ».

Notre avis chez Box Populi

Chez Box Populi, la prise de conscience de Google nous apparaît tout fait justifiée dans le sens où le bien-être numérique tout comme la qualité de vie au travail sont bien plus que des tendances de mode, mais de vrais sujets de société. Ce type d’initiative nous semble nécessaire pour la préservation de notre intelligence individuelle et collective.

Concrètement, ce qui pourrait changer dans le monde numérique de demain

Ce système d’exploitation est installé sur l’immense majorité des smartphones dans le monde : l’impact de cette décision est loin d’être anodin. Mais quelles différences concrètes sont attendues ?

Jusqu’à présent, il fallait la volonté d’installer des applications supplémentaires pour avoir ces fonctions de déconnexion ; demain elles seront directement intégrées aux téléphones. Voici quelques améliorations présentes dans Android P pour une connexion raisonnée à portée de main :

  • Un timer : l’objectif consiste à se rendre compte du temps passé et du nombre de notifications envoyées quotidiennement par chaque application, donc leur pouvoir de distraction. Grâce à cette prise de conscience, l’utilisateur peut mesurer sa consommation numérique et programmer des temps maximum de connexion par application.
  • Un tableau de bord : au-delà du timer, il s’agit d’une visualisation globale du téléphone pour passer en revue plus précisément son utilisation. Ainsi, lorsque le temps défini pour une application est dépassé, celle-ci sera grisée pour le notifier directement à l’usager.
  • L’intelligence artificielle : permettre au téléphone de réfléchir tout seul et d’effectuer certaines tâches simples chronophages aura pour conséquence de faire gagner du temps à l’utilisateur. L’assistant vocal en est l’exemple le plus frappant.
  • L’évolution du mode « ne pas déranger » : en plus des fonctionnalités déjà présentes, ce mode bloque les interruptions visuelles également, l’écran ainsi que les points lumineux restent désactivés même en cas de réception d’appel/message/notification. Pour l’activer, il suffira de retourner le smartphone, face contre table.
  • Une déconnexion radicale : pour lutter contre l’addiction, Android P offre la possibilité de déconnecter intégralement après une certaine heure. Plus aucun appel, message ou notification, l’écran est grisé : vous êtes déconnecté !

Pour conclure, ces évolutions vont dans le sens d’une prise de conscience et d’une responsabilisation de chacun à sa consommation du smartphone. Si la connexion raisonnée n’en est qu’à ses balbutiements, il convient néanmoins d’avouer qu’avec une volonté de la part de géants comme Google, cette tendance a un bel avenir devant elle.