Issu de la loi Travail promulguée le 8 août 2016 et effective depuis janvier 2017, le droit à la déconnexion incite à mieux envisager l’utilisation des nouvelles technologies en dehors des heures de travail. Un enjeu qui vise à la fois à améliorer la qualité de vie au travail mais aussi à bonifier l’image de l’entreprise grâce à un management moderne et responsable.

63% des actifs font usage des technologies de l’entreprise (logiciel, mail, téléphone professionnel) en dehors de leur temps de travail quand seulement 22% des entreprises optent pour des outils qui limitent cette utilisation durant les heures de repos. Le but du droit à la déconnexion consiste à réguler l’usage des outils numériques en dehors des heures de travail afin de rétablir une frontière entre vie privée et vie professionnelle du salarié. Ainsi, ce dernier ne peut être sanctionné, ni tenu responsable, s’il n’a pas répondu à un e-mail reçu en dehors des heures de travail.

L’application de ce droit à la déconnexion passe par une négociation collective obligatoire dans les entreprises de +50 salariés afin d’établir une entente sur son application, selon les contraintes du secteur d’activité et des différents services internes. A défaut d’accord, l’employeur doit établir une charte unilatérale visant à indiquer la bonne utilisation des outils numériques en entreprise.
Ce droit à la déconnexion peut paraître imprécis car le salarié a toujours accès à ses outils numériques professionnels en dehors de son temps de travail. Néanmoins, il devrait être complété avec la loi Pénicaud ou loi Travail 2 notamment sur le sujet du télétravail. Ce droit à la déconnexion représente, en plus d’être une prise de conscience des effets indésirables de l’hyperconnectivité, une avancée considérable dans l’amélioration de la qualité de vie au travail.

Comme observé dans notre article sur la déconnexion au service de la productivité, près de 20% des Français actifs se disent en situation de burn-out avec comme cause principale l’intensité du travail. Ce rythme soutenu est du en grande majorité par l’hyperconnectivité que le travail implique. Le droit à la déconnexion offre la possibilité à l’employé de limiter sa connexion aux horaires de travail, déculpabilisant alors de ne pas consulter ses e-mails le soir, le week-end ou pendant ses congés. Dans un sondage réalisé par le cabinet Eléas en septembre 2016, 59% des actifs considèrent le droit à la déconnexion comme un progrès pour la qualité de vie au travail. En effet, pour beaucoup de salariés, le téléphone professionnel amène des réflexions même durant les temps de repos, ce qui représente une source de stress non négligeable.

Améliorer la qualité de vie au travail est devenu un enjeu majeur pour les entreprises. En effet, un sondage de l’institut Gallup révèle qu’une meilleure qualité de vie au travail augmente la productivité de 21%, et par voie de conséquence la satisfaction client.

Le droit à la déconnexion est donc un pas en avant pour les salariés mais aussi pour les entreprises désirant attirer de jeunes talents. Les 18-25 ans placent le bien-être au travail parmi les plus importants critères dans leur choix de carrière. Un bon accord collectif ou une charte de déconnexion en bonne et due forme constituent un outil pouvant susciter l’intérêt chez le demandeur d’emploi en quête d’une bonne qualité de vie au travail.
En plus d’améliorer l’image de la structure, il est prouvé via une étude réalisée par l’Université de Warwick au Royaume-Uni que des salariés heureux au travail sont plus productifs d’au moins 12%. En effet, adopter une connexion raisonnée permet au salarié d’apporter plus de sérénité en séparant vie professionnelle et vie personnelle, cette séparation étant une condition sine qua none pour limiter les risques de burn-out.

Malgré tout, le droit à la déconnexion présente encore son lot de scepticisme. Un récent sondage Ifop indique que 78% des cadres continuent de consulter leurs messages professionnels durant leur temps de repos, malgré l’avènement du droit à la déconnexion. Cette loi est à ses prémisses et il faudra un certain temps avant qu’elle ne soit considérée comme une évidence dans une majorité d’entreprise.

La prise de conscience du problème de l’hyperconnexion professionnelle s’avère être un excellent début, bien que considérée encore dans peu de pays. En effet, seules la France et la Belgique ont légiféré sur ce sujet. La Corée du Sud et l’Allemagne sont en passe de le faire, tandis que plusieurs pays se disent vouloir suivre cet exemple, au vu des retombées médiatiques dont bénéficient les entreprises qui l’adoptent. Il est à prévoir que de nouvelles solutions de connexion raisonnée en entreprises, comme celle développée par Box Populi, vont apparaître pour répondre à ce besoin de régulation numérique amené à se développer dans les prochaines années.