Et si répondre à ses e-mails dans les 5 minutes après réception, à un appel professionnel à 23h00 ou encore envoyer un SMS à un client pendant une réunion freinait finalement la productivité ?

L’avènement du numérique et du télétravail engendre une hyperconnectivité au sein des acteurs de l’entreprise. Répondre à un e-mail via le smartphone de n’importe où et n’importe quand est une avancée technologique considérable pour les entreprises, ce qui leur permet d’être constamment à l’affût et prêtes à agir en toute circonstance. Et si finalement cette hyperconnectivité était un frein à la productivité ?

L’hyperconnectivité jusqu’au burn-out numérique

Les premiers méfaits de cette pratique s’apparentent au « blurring » : cet anglicisme désigne l’apparition d’un flou entre la frontière de la vie privée et de la vie professionnelle. La principale cause à ce blurring est le smartphone. En effet, ce petit objet considéré comme le prolongement de la main permet notamment de pouvoir consulter ses e-mails et y répondre instantanément. Cependant, cela peut s’avérer être une pratique néfaste si on s’y accommode.

Visiblement, l’hyperconnectivité peut engendrer des répercussions sur la santé du salarié qui risque de se retrouver en surcharge de travail et atteindre le stade d’épuisement professionnel (ou burn-out). Selon une étude de l’institut Think, près de 20% des Français se disent en situation de burn-out avec comme première cause l’intensité du travail, due en grande partie à l’hyperconnectivité. Ces chiffres alarmants reflètent donc un manque d’anticipation sur la charge de travail administré au salarié, qui se voit être diminué de ses capacités du fait de l’amalgame entre son espace de travail et son espace privé.

Hyperconnectivité ne rime pas forcément avec efficacité

En dehors du burn-out qui figure ici comme cas extrême, l’hyperconnectivité engendre de nombreuses défaillances au sein même du travail :

  1. La première défaillance significative due à une surcharge numérique est la perte de concentration. Le simple fait de penser à surfer sur les réseaux sociaux déstabilise la construction de la pensée et déconcentre régulièrement. Cela reste valable lors des réunions, où la vibration du téléphone à la réception d’un courriel va perturber la capacité d’écoute même si l’e-mail n’est pas consulté.
  2. L’hyperconnectivité revient à penser à plusieurs choses à la fois, constamment. La capacité à se focaliser sur un seul sujet a tendance à disparaître et réduit donc la capacité d’analyse et de réflexion approfondie. Certains travaux demandent en effet un important travail de réflexion et d’analyse et avec la multitude d’informations qui arrivent par dizaines sur la boîte e-mail, le salarié se retrouve à devoir répondre dans les plus brefs délais à des problématiques profondes. Cela conduit à des échanges d’e-mails souvent inutiles qui ralentissent le processus de réflexion.
Pour une connexion mesurée

Notre quotidien s’est vu changé par le numérique. Toutefois, la pratique digitale évoluant constamment, il est nécessaire de toujours apporter de nouvelles réflexions sur la meilleure façon de l’utiliser. De nombreuses méthodes sont aujourd’hui testées dans les entreprises afin d’améliorer la productivité par la déconnexion. Volkswagen applique depuis 2011 un blocage de leurs serveurs le soir et les week-ends afin d’éviter la réception d’e-mails en dehors des heures de travail. Le constructeur automobile Daimler a instauré un « Mail on Holiday » à ses salariés qui détruit tous les e-mails entrants durant leur période de congés, tout en informant l’expéditeur et en le redirigeant à un autre salarié qui sera apte à répondre. Enfin, la mairie de Saint-Sébastien-sur-Loire a imposé à la municipalité des journées sans e-mail, ce qui a réduit de 75% les courriels entrants lors de la première exécution de l’opération.

En mettant en vigueur des méthodes de déconnexion, l’entreprise participe au bien-être au travail de ses salariés tout en augmentant leur productivité. Une connexion raisonnée évite la surcharge inutile d’informations et améliore par conséquent la clarté de celles-ci. Une déconnexion organisée et réfléchie améliorera le processus de réflexion et d’analyse qui permettra d’avancer plus rapidement dans les problématiques et ainsi gagner en productivité.