On parle beaucoup de transformation digitale et de plus en plus de culture digitale.

Mais qu’est ce que c’est concrètement une culture digitale ?

La diffusion de concept de « culture digitale » va de pair avec une prise de conscience : la transformation digitale de l’entreprise ne peut se faire de façon optimale sans une réelle culture digitale commune.

Loin d’être simplement une question d’outil et de considérations techniques, la culture digitale englobe tous nos comportements liés à ces nouveaux outils.
Elle pourrait se traduire comme une notion très vaste incluant l’ensemble des habitudes, des codes et des stratégies autour des outils digitaux de l’entreprise.

Par conséquent, elle englobe tous les outils connectés et la façon dont une personne de l’entreprise « devrait » l’utiliser pour rentre dans la norme :

  • Smartphone ;
  • Applications d’entreprise ;
  • Mails ;
  • Réseau social d’entreprise type Teams, Slack, Skype Entreprise ;
  • Objets connectés ;
  • Logiciel interne de gestion de projet, type Trello ;
  • Logiciel interne de gestion documentaire, type Evernote ou Onenote ;
  • Réseau social professionnel type LinkedIn ;
  • Canon à mail, type mailchimp, mailjet ;
  • Autres outils en ligne comme WordPress, Adwords.

Derrière chaque outil se pose la question : 

  • Dans quelle circonstance dois-je privilégier cet outil ?
  • Puis-je l’utiliser en réunion ou est-ce mal vu ?
  • A quelle fréquence dois-je m’y connecter ?
  • Quel est le temps de réponse moyen acceptable ?
  • Est-ce communément accepté de l’utiliser le soir, weekend et jour de congé ?
  • En période de rush, à quelle heure puis-je considérer sereinement avoir la possibilité de m’en détacher ?
  • Quelle est l’utilisation correcte lorsque je suis en déplacement ? Et lorsque je suis à l’étranger ?

Derrière toutes ces questions se dégage une norme d’utilisation des outils digitaux pour s’intégrer à la culture de l’entreprise.

Et à quoi peut bien servir une culture digitale ?

Une culture digitale claire apporte de la clarification dans les échanges.

Une communication simplifiée.

Il y a moins de doutes et d’incompréhension, c’est une façon de récupérer de la sérénité. Alors même que la multiplication des outils numériques en entreprise ont augmenté le stress et amoindri la sérénité au travail ! 

C’est ici pour en savoir plus sur le lien entre stress et numérique.

Surtout cela permet d’avoir des routines, des habitudes automatiques. Je sais que je dois utiliser tel outil concernant tel projet. Je sais que je peux appeler telle collègue sur ce sujet car on a l’habitude de s’appeler pour résoudre ce type de questions.

Il y a ainsi moins de pression cognitives sur du travail superficiel (le traitement des urgences, des mails, de la communication) ce qui permet une libération de la créativité et une augmentation de l’efficacité sur le travail en profondeur.

Pour plus d’information sur le travail superficiel et le travail en profondeur, je vous conseille ce livre fantastique de Cal Newport : Deep Work (résumé ici).

Une base pour les outils numériques futurs

On voit cette volonté de clarifier la culture digitale dans de nombreuses entreprises.

Orange a créé le passeport digital : il permet une compréhension des enjeux digitaux à travers la Digital Academy qui propose 20 cours en présentiel et 80 cours en ligne. A la fin de ce procédé, le collaborateur affiche le logo « passeport digital » dans sa signature de mail. Ainsi tous ses correspondants savent qu’il est formé à la culture digitale de l’entreprise.

Autre exemple, Pernod a mis en place Digifit, un cours en ligne avec des modules, des jeux et des compétitions entre les collaborateurs partout dans le monde.

Chez SEB aussi, un procédé de diffusion de la culture digitale permet de comprendre les fondamentaux en seulement 6h de formation en ligne étalées sur 3 mois.

Une culture digitale commune permet de mettre ensuite en place des nouveaux outils, acceptés plus facilement car faisant partie de la culture de l’entreprise. Autrement dit, la stratégie digitale devient claire pour tous (à quoi ça sert), utile (faciliter mon travail et non le complexifier) et accessible (comprendre les enjeux des outils).

Car l’outil digital est au service d’une stratégie, et non un but en soi. 

Ainsi l’exemple de cette startup lyonnaise, bureau d’études de 8 personnes, qui choisit dès lors qu’un nouvel outil est mis en place, de supprimer l’ancien outil pour mettre tous les collaborateurs sur le même outil et développer ainsi une même culture d’entreprise.

Sans culture digitale, la transformation digitale devient complexe et fait face à une plus forte résistance au changement.

Donc il suffit de copier les grandes entreprises ?

Pas forcément.

Tout le monde n’a pas la même culture digitale d’entreprise.

Par exemple, Volkswagen arrête les serveurs de messagerie de 19h le soir à 7h le lendemain matin. Toutes les entreprises ne peuvent pas forcément être sur les mêmes créneaux, et n’en a pas nécessairement le besoin.

Priceminister a instauré une demi journée par mois sans mail afin de faciliter la communication orale entre les employés : de même, ce type de stratégie correspond peut-être davantage à des grands groupes qui cherchent à multiplier la communication. 

Et que dire de cette startup allemande chez qui on ne travaille que le matin de 8h à 14h, mais sans téléphone ni réseaux sociaux ?

Si les horaires sont alléchants, cette façon de faire est tout de même assez spéciale pour rester pour l’instant du moins, plus anecdotique qu’un phénomène de mode international. 

L’important dans la mise en place de la culture digitale est de mettre tous les collaborateurs sur le même niveau d’utilisation des outils, avec des règles clairement établies et qui remportent l’unanimité.

Marie-Anne CLOAREC, experte Culture Digitale